Le deuil périnatal vécu par les adolescentes.
Le deuil périnatal est déjà un tabou en soi. Lorsqu'une femme perd un embryon, un fœtus, lors d'une fausse couche, d'une grossesse extra utérine, d'une mort in utero passé le premier trimestre, très souvent, il lui faudra affronter cette épreuve seule ou avec le seul soutien de son compagnon. Rapidement, des phrases douloureuses seront dites par l'entourage: "Tu en referas un autre", "tu as déjà de beaux enfants", "cela arrive à toutes les femmes"...Ou pire "ce n'était qu'un tas de cellules".
Or, non, cet être porté dans ce ventre était déjà, une promesse de vie, l'équation d'un futur emplit d'amour et de joie. Ce n'était pas "juste un tas de cellules/un embryon", mais un être vivant investi de l'amour de ses parents.
Si déjà, une femme socialement en âge de procréer est niée dans son deuil, on peut imaginer sans mal, la négation de la douleur que peut subir une adolescente ayant fait une fausse couche, ou ayant subit une IVG sous la pression de l'entourage. Dans ce second cas, la culpabilité que peut ressentir une femme face à la perte de son bébé est à son paroxysme et l'adolescente peut facilement tomber dans une dépression sévère.
Lorsque la perte du bébé est le fait d'une fausse couche ou d'un décès in utero, la jeune fille -comme des femmes plus âgées- peut avoir la sensation d'être incapable de garder un bébé dans son ventre et se sentir responsable de sa perte.
Des personnes bien pensantes, que ce soit dans l'entourage de la jeune fille ou dans le milieu médical, peuvent être tentées de lui dire que "ce n'est pas un mal finalement", qu'elle était "bien trop jeune pour assumer un enfant" ou encore qu'elle en fera "un autre plus tard, en étant adulte". Ces personnes là devraient réfléchir à la douleur que provoquent ce genre de remarques, ainsi qu'à l'inutilité de celles ci...Sauf si le but, bien sûr, est de blesser plus profondément l'adolescente déjà en souffrance...
Il est vital d'accompagner psychologiquement et émotionnellement une femme traversant un deuil périnatal. Il doit être de même lorsqu'il s'agit d'une jeune fille. L'écoute, la compassion sont très importantes, ainsi que le fait de laisser la jeune fille parler de sa souffrance, des rêves qu'elle faisait pour ce bébé, de l'encourager à effectuer un rituel de deuil (écrire une lettre à son bébé, lui donner un prénom.) Une aide auprès d'un psychologue pourrait aussi être envisagée, surtout si l'adolescente, suite à une IVG, démontre une obsession à l'idée de retomber enceinte. Car cela arrive, et les motivations de la jeune fille n'ont rien de saines, ni pour elle, ni pour l'enfant qu'elle aimerait mettre en route.
Dans tous les cas, une vigilance s'impose afin de détecter une possible dépression, et quant à la bienveillance, elle est, plus que jamais de mise.
Vous trouverez des adresses d'associations sur le deuil périnatal dans la boîte à outils.
Si vous subissez un deuil périnatal et que vous ne savez pas avec qui en parler, n'hésitez pas à nous téléphoner.